On va faire la fête": le nouveau couteau suisse de la communication

 


Jadis, on célébrait un anniversaire, un mariage ou la victoire de son équipe favorite. Des événements spécifiques, des moments choisis. Mais ça, c'était avant. Désormais, "faire la fête" est devenu le joker ultime, le sésame qui ouvre toutes les portes de la convivialité forcée. Les jeunes l'emploient à tout bout de champ : "On a réussi notre contrôle ? On va faire la fête !". "Il fait beau ? On va faire la fête !". "Il pleut ? C'est une bonne raison de faire la fête à l'intérieur !". Et les plus âgés ne sont pas en reste. La retraite ? L'occasion rêvée de "faire la fête" (et de se plaindre des rhumatismes le lendemain). Une simple réunion de copropriété qui se termine ? "Allez, on va faire la fête pour fêter qu'on a fini !". On en vient à se demander si la fête n'est pas devenue une sorte de réflexe pavlovien, une réponse automatique à tout stimulus social.

Les médias, ces grands organisateurs de fêtes permanentes

Les médias, véritables caisses de résonance de notre société, ont bien sûr emboîté le pas avec enthousiasme. Qu'il s'agisse d'un événement sportif, d'une commémoration historique, ou même d'un débat politique, l'expression "on va faire la fête" est brandie comme une bannière. La moindre occasion est bonne pour transformer un rassemblement en une "ambiance de fête". On se croirait dans un monde dans lequel la fête serait devenue une denrée de première nécessité, un droit inaliénable, presque une obligation citoyenne. Le JT annonce une canicule ? "On va faire la fête autour des fontaines publiques !". Une manifestation bon enfant ? "Les participants ont fait la fête dans les rues !". Même la grève semble parfois se transformer en "fête de la contestation".

La fête à toutes les sauces : attention à l'indigestion !

Bien sûr, la convivialité et la joie sont essentielles. Mais à force de vouloir "faire la fête" à tout prix et pour tout, ne risque-t-on pas de vider l'expression de son sens ? Si chaque rassemblement est une fête, alors qu'est-ce qui distingue un véritable événement joyeux d'une simple réunion de travail ? Peut-être qu'un jour, la véritable subversion consistera à dire : "Non, ce soir, on ne va pas faire la fête. On va juste… passer un bon moment, tranquillement." D'ici là, préparez les confettis : la prochaine fois que vous croiserez votre voisin dans l'ascenseur, il y a de fortes chances qu'il vous propose de "faire la fête" pour fêter que vous êtes arrivés au bon étage. Et à l'entendre, il faudra lui répondre : "Oui, avec plaisir !".

Que pensez-vous de cette omniprésence de la fête dans nos vies ? Est-ce une bonne chose ou en devenons-nous un peu blasés ?

LEPETITLIVRADAIS



Commentaires