La leçon des donneurs de leçon



Il
y a un certain type de personne qui se pavane sur les réseaux sociaux et dans les conversations, toujours prêt à dégainer son petit manuel de grammaire. Ce sont les donneurs de leçon, les grands justiciers de l'orthographe. Leurs doigts frétillent d'impatience à l'idée de pointer du doigt la moindre faute, le plus petit "ça" au lieu de "sa", le plus insignifiant "t" manquant à la fin d'un verbe. Ils se nourrissent de la honte qu'ils infligent, se sentant supérieurs et intellectuellement plus fins que le commun des mortels. Mais le spectacle devient savoureux, presque tragique, quand ces mêmes puristes s'emmêlent les pinceaux dans leur propre texte. C'est l'arroseur arrosé, la poésie de la contradiction. Leurs tirades sur les fondements de la langue française sont truffées de coquilles, leurs "remarques" sont elles-mêmes des fautes de syntaxe et leurs "réprimandes" manquent d'accords. Leurs arguments s'effondrent comme un château de cartes à la moindre virgule mal placée. Ce n'est pas une simple erreur, c'est une imposture. L'hypocrisie de celui qui juge sans se juger, qui voit la paille dans l'œil de l'autre sans remarquer la poutre dans le sien. Alors, la prochaine fois que vous croiserez l'un de ces guerriers du Bescherelle, avant de baisser la tête, relisez son commentaire. Et souvent, il n'y a pas besoin de chercher bien loin pour trouver leur propre faille, leur propre ignorance. Car au fond, il est bien plus facile de corriger les autres que de se corriger soi-même. Et c'est peut-être ça, la plus grande leçon à retenir.

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